Deuxième rendez-vous pour ce challenge livresque! Au rendez-vous cette semaine : une histoire dont j’ignorais tout et qui a pourtant donné naissance à la Journée Mondiale de Lutte contre la violence faite aux femmes.
Accrochez votre ceinture, nous partons dans les Caraïbes…
Les trois soeurs et le dictateur d’Elise Fontenaille
Editions du Rouergue
4e de couv’
Mina, une adolescente californienne part pour la première fois en République Dominicaine, le pays natal de son père. La-bàs, son cousin Antonio lui fait rencontrer Abela, une veille dame. Celle-ci entreprend alors de lui raconter le destin tragique de sa grand-mère Minerva et de ses deux soeurs, qui ont tenu tête au dictateur Trujillo à l’époque…
Thèmes principaux
Résistance politique – Droits des femmes – Racisme
Pourquoi avoir choisi ce roman ?
Je l’avais acheté à la Fnac, il y a un bout de temps, intriguée par le 4e de couv’. Ce challenge était l’occasion rêvée d’enfin le découvrir!
Mon avis
Ce roman relate avant tout l’histoire des soeurs Mirabal : 3 soeurs nées dans une famille aisée en République Dominicaine dans les années 20. Une des soeurs, appelée Minerva et réputée pour sa beauté, est remarquée – malheureusement pour elle – par le dictateur en place sur l’île, Rafael Trujillo. Friand de jeunes filles, Trujillo multiplie les invitations, mais Minerva lui tient tête. Résiste. Et avec elle, toute sa famille, qui en paiera les conséquences. Dès lors, les trois soeurs Mirabal, Minerva, Patria et Maria Teresa entrent en résistance, assistant à des réunions clandestines, passant des tracts sous le manteau. Des gestes qui peuvent nous sembler anodins, mais qui, sous un régime qui massacra une dizaine de milliers d’Haïtiens au moins – le massacre du Persil – valaient la prison et de torture. Une prison que les trois soeurs connurent d’ailleurs, avant d’être relâchées, pour finalement trouver la mort lors d’une embuscade dans les montagnes de l’île le 25 novembre 1960.
Ce que j’ai aimé dans le récit d’Elise Fontenaille, c’est d’abord le fait d’avoir restitué cette histoire fidèlement, sur un ton juste, sans en faire de trop; ensuite, c’est d’avoir marié les deux histoires de Minerva et Mina, cette petite-fille qui débarque à la République Dominicaine sans rien savoir de l’histoire des Mariposas – les papillons en espagnol, et qui désignent les trois soeurs. Soyons clairs cependant : l’histoire de Mina sert surtout de cadre pour relater le destin des soeurs Mirabal. De Mina, on ne sait finalement pas grand’chose, le personnage n’a pas beaucoup d’aspérités, et même si son intrigue comporte des détails touchants – sa correspondance avec son amie d’enfance, Eliza, qui elle est originaire d’Haïti, l’occasion d’évoquer la division politique de l’île – sa voix sert surtout à mener le lecteur à la découverte des Mariposas. Dès que leur histoire est finie – le roman est mince, il ne compte que soixante-dix pages – celle de Mina cesse aussitôt. Une absence qui me laisse un goût de trop peu.
Autre détail touchant dans ce roman, c’est un autre point où se rejoignent réel et fiction, c’est l’apparition dans le roman de la quatrième soeur Mirabal, la survivante car trop jeune à l’époque pour s’être engagée dans la résistance.
Un bel hommage à « Dona Dede », décédée l’année dernière.
En conclusion, ce roman est une belle introduction au destin de trois femmes dont l’histoire semble encore largement méconnue de nos jours. Il m’aura aussi donné envie de lire deux romans qui traitent de cette époque,
La fête au bouc, de Mario Vargas Llosa
Et Au temps des papillons de Julia Alvarez
Je termine cet article par un petit appel : en effet, si vous avez des recommandations pour ce challenge, des idées de titre, etc… n’hésitez pas à m’en faire part en commentaire 😉 et faites passer le mot. Je ne vous promets pas de les lire tous, mais je suis en tout cas très curieuse d’élargir mon horizon en matière de diversité!
Ca a l’air vraiment intéressant ! Et puisque tu veux divers livres, je te conseille des BD : les oeuvres de Jiro Taniguchi, un japonais tout en délicatesse, Magasin général de Loisel, une série très douce aussi, pleine de finesse et Posy Simmonds dont j’ai adoré particulièrement Tamara Drew.
Merci la Miss, je note !!
Bel article. Je ne connaissais pas l’histoire, mais je note également. Dans le cadre de « We need diverse books », j’ai beaucoup aimé « Le monde de Marcelo », lu dernièrement. Je dois en faire une chronique sous peu.
Je note le titre 🙂